Depuis la Conférence sur le climat à Rio en 1992, le maintien, la conservation et l’amélioration de la biodiversité sont devenus progressivement des sujets de préoccupation majeurs pour la Société. Dans ce contexte, les écosystèmes forestiers jouent un rôle clef en raison du nombre important d’espèces qui leur sont inféodées. En effet, de très nombreuses espèces les utilisent comme composante de leur territoire. De ce fait, les forêts jouent un rôle important par les milieux qui leurs sont associés et par la place qu’elles occupent dans la structuration du paysage sur le plan écologique.
Étant donné la très grande importance des forêts pour la sauvegarde de la biodiversité et les attentes grandissantes dont elle fait l’objet, il est nécessaire que leur gestion prenne cet aspect en compte. Dans ce contexte, l’inventaire forestier est un des outils d’analyse et de suivi à valoriser. D’autant qu’il constitue une importante source de données pour de nombreuses recherches et outils de monitoring environnemental (état de l’environnement wallon, évaluation de l’état de conservation des habitats Natura 2000, Atlas de la flore de Wallonie…).
Parmi les multiples paramètres évalués par l’inventaire, nous avons sélectionné ceux qui nous semblaient les mieux à même de caractériser la capacité d’accueil potentielle des forêts pour la biodiversité. La plupart des paramètres concernent les peuplements eux-mêmes mais il en existe plusieurs autres qui permettent d’évaluer la continuité spatiale de la couverture boisée.
Le degré de morcellement de la couverture forestière influence la nature et la diversité des espèces rencontrées dans les différentes zones boisés qui composent notre paysage. La taille, la forme, l’isolement mais aussi la surface totale des forêts sont autant de facteurs qui influencent cette diversité. A l’échelle régionale, l’existence de zones boisées de tailles variées est favorable à la diversité.
L’IPRFW ne prévoit pas une caractérisation complète de l’organisation spatiale du couvert forestier. La taille des massifs (contenant au moins une unité d’observation) est toutefois relevée. Il est donc possible d’évaluer grossièrement le niveau général de fragmentation de la couverture forestière en Wallonie.
La répartition des unités d’observation par taille de massif dans lequel elles se trouvent met clairement en évidence la prédominance des grands massifs d’au moins 1.000 ha (tableau 15.1.). La caractérisation de la diversité de l’occupation du sol dans le voisinage immédiat des points d’inventaire permet également, dans une certaine mesure, d’évaluer le niveau de morcellement des zones forestières. Chaque zone distincte du peuplement ou de la mise à blanc inventoriée qui se trouve dans un rayon de 36 m autour du point de sondage est identifiée. La situation représentée à la figure 15.1. illustre le cas d’un peuplement autour duquel se trouvent 4 éléments distincts (E1 à E4) qui peuvent être d’autres peuplements, des zones agricoles ou urbaines, des tronçons de voirie…
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Mosaïque de peuplements résineux ardennais.
PHOTO : MATTHIEU ALDERWEIRELD |
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Alors que la taille des massifs forestiers est souvent importante, le morcellement des zones forestières est élevé. Plus des deux tiers des points de l’inventaire (peuplements et mises à blanc) se trouvent à proximité d’au moins un élément distinct dans un rayon de 36 m. Les situations avec 1 ou 2 éléments représentent toutefois près de 50 % des points d’inventaire quand on considère l’ensemble des points forestiers productifs.
Le morcellement est plus prononcé au niveau des peuplements résineux où les cas avec au moins 2 éléments voisins représentent 54 % contre 34 % en feuillus (figure 15.2., tableau 15.2.).
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Parmi les éléments qui participent au morcellement des massifs, on trouve les milieux ouverts. Étant donné les conditions micro-climatiques qui y règnent, l’existence de ce type de milieu influence sensiblement la capacité d’accueil des forêts pour la biodiversité.
Grâce à l’afflux de lumière induit par un couvert léger ou absent, il héberge régulièrement des cortèges floristiques et fauniques plus abondants et diversifiés que le sous-bois. Le développement de cette flore apporte des ressources alimentaires à de nombreuses espèces d’oiseaux, de mammifères (aire de gagnage pour la grande faune herbivore) et d’insectes (habitat préférentiel de la grande majorité des papillons de jour forestiers) pourtant typiquement forestiers. Ces aspects ont été particulièrement étudiés dans le cas des mises à blanc et des lisières forestières.
Parmi les différents types d’occupation du sol identifiés par l’inventaire, plusieurs milieux peuvent être considérés comme ouverts : les clairières, les mises à blanc, les terrains en voie de recolonisation naturelle (végétations pionnières), les coupe-feu, les landes et incultes, les fagnes, les gagnages, les zones sous les lignes électriques, les peuplements clairs (surface terrière inférieure à 5 m²/ha) et les zones de régénération. Ces dernières correspondent aux plantations de moins de 10 ans et aux régénérations naturelles dont les tiges n’ont pas encore atteint 20 cm de circonférence (couvert non refermé).
Les milieux ouverts en forêt représentent une surface totale d’un peu plus de 100.000 ha, ce qui correspond à 18 % de la surface forestière totale.
Zone déboisée sous une ligne à haute tension traversant un massif forestier.
PHOTO : LIFE ELIA
Parmi ceux-ci, environ 28.000 ha sont des milieux ouverts plutôt permanents et gérés comme tels (coupe-feu, fagnes, landes et incultes, talus et berges, gagnages, lignes électriques) tandis que les autres (72.000 ha) ont un caractère temporaire lié à la dynamique forestière, s’assimilant en quelque sorte à une mosaïque métaclimacique. Il s’agit principalement de jeunes régénérations (plus de 40.000 ha), dont 94 % sont artificielles (donnée non présentée), de terrains en voie de recolonisation naturelle (13.000 ha) ou de mises à blanc (12.200 ha). La représentation des différents milieux ouverts est illustrée à la figure 15.3.
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Le morcellement des zones boisées et la présence de milieux ouverts intra-forestiers impliquent l’existence de zones de transition entre les différentes occupations du sol, les lisières forestières. Lorsqu’elles marquent la jonction entre une zone forestière et un milieu ouvert (forestier ou non), la diversité biologique y est généralement plus forte qu’au sein des deux milieux dont elle marque la frontière.
Le nombre d’espèces que l’on peut rencontrer au niveau de la lisière a tendance à augmenter avec la complexité de sa structure. En effet, aux espèces qui se rencontrent dans tous les types de lisières s’ajoute, dans les faciès complexes, une série d’espèces beaucoup plus exigeantes, dont certaines sont rares, voire menacées. Au niveau du paysage, la présence de lisières bien structurées représente un atout important pour la conservation de ces dernières.
Les lisières sont constituées par trois éléments qui déterminent leur structure : le manteau forestier, le cordon de buissons et l’ourlet herbeux (figure 15.4.). Lorsque ces composantes sont toutes présentes et bien développées on parle de lisière bien structurée.
L’inventaire distingue deux grands types de lisières : les lisières externes et les lisières internes que l’on appelle également interfaces. Les lisières externes, comme leur nom l’indique, se trouvent en bordure de massif et forment la zone de transition entre un peuplement forestier et un milieu hors forêt. Les interfaces forment quant à elles la limite entre deux peuplements forestiers ou entre un peuplement forestier et une zone forestière non boisée (ex. : voirie forestière, mise à blanc, rivière…).
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Lisière (externe) marquant la transition entre un peuplement
de pins et une prairie. |
Interfaces entre peuplements résineux et feuillus. |
Une lisière a été décrite pour un peu plus d’un tiers des peuplements inventoriés (tableau 15.3.). Ces lisières sont essentiellement internes (87 % du nombre total de lisières) et se répartissent de manière plutôt équilibrée entre interfaces entre deux peuplements et interface entre un peuplement et une zone forestière non boisée. Les lisières situées en bordure de massif sont rares et jouxtent le plus souvent des milieux agricoles.
La localisation d’une majorité d’U.E. (plus de 60 %) au sein de massifs forestiers de plus de 1.000 ha (section 15.1.1., tableau 15.1.) explique en partie cette rareté. Par ailleurs, les lisières externes les plus larges dont le cordon de buissons ou le manteau forestier sont fortement développés sont parfois décrites comme des peuplements à part entière. L’importance de ce phénomène n’est malheureusement pas précisément quantifiable.
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La transition entre milieux forestiers distincts est souvent brutale, sans véritable interface (figure 15.5.). Lorsque celle-ci possède une certaine largeur, elle se résume, la plupart du temps, à un manteau forestier de 1 mètre de large en moyenne (max. 3 m). Cordon de buissons et ourlet herbeux sont moins souvent présents mais sont plus larges en moyenne.
Les lisières externes sont mieux structurées. Elles comprennent un cordon de buissons dans 44 % des cas et un ourlet herbeux dans 28 % (figure 15.5.). Leur largeur reste néanmoins très faible et les différents éléments qui les composent ne s’étendent jamais sur plus de 4 mètres (figure 15.6.).
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La capacité d’accueil potentielle de la lisière est influencée favorablement par la présence de zones humides, de plantes grimpantes, de bois morts à terre et sur pied, de tas de pierres… Ils contribuent à diversifier la structure des lisières et permettent d’élargir la gamme d’habitats offerts ainsi que les sources de nourriture.
Un tiers des lisières n’en contiennent aucun (figure 15.7.). En outre, parmi les éléments de diversification structurelle, seuls les gros arbres, les plantes grimpantes et les zones humides sont significativement représentées (figure 15.8.) à savoir dans 16 à 19 % des lisières externes.
Le nombre total de lisières externes caractérisées est toutefois assez limité. La description qui en est faite ici n’a dès lors pour vocation que de dégager quelques grandes tendances.
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De manière générale, la diversité des essences qui composent le couvert forestier influence positivement la biodiversité rencontrée dans les peuplements. De manière plus limitée, certaines espèces sont toutefois liées à des peuplements purs de taille suffisante, qu’il s’agisse de feuillus ou même de résineux (ex. : bec-croisé des sapins, cassenoix moucheté, mésange huppée, pic noir et roitelet huppé).
La diversité de la végétation ligneuse peut être caractérisée de diverses manières suivant les objectifs. Nous présentons dans cette section 3 modalités qui concernent respectivement :
On notera que, à défaut d’une identification systématique jusqu’à l’espèce, les groupes d’essences suivants sont toujours comptabilisés comme une seule essence : les chênes indigènes, les bouleaux, les saules (autres que marsault), les cerisiers.
L’importance des essences introduites est évaluée séparément, en fin de section.
En Wallonie, les peuplements sont composés en moyenne de 2,0 essences mesurables différentes (tableau 15.4.), c’est-à-dire des essences dont des individus ont atteint le seuil d’inventaire. Les peuplements contenant au moins 2 essences constituent 59 % de la surface forestière productive wallonne (figure 15.9.).
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Les résultats présentés ici permettent de confirmer les premiers constats réalisés lors de l’analyse spécifique de chacun des types de peuplements définis par l’inventaire.
Les peuplements résineux, étant donné le type de sylviculture plus standardisée qui leur est appliqué, sont logiquement moins diversifiés que les peuplements feuillus. Ils comptent 1,4 essence en moyenne tandis que l’on en rencontre 2,6 en feuillus.
Les pineraies, dont le couvert est plus léger, se
démarquent sensiblement des autres peuplements
résineux en raison de leur diversité élevée. Elles
comportent en effet 2,2 essences en moyenne, soit
un nombre similaire à celui de la chênaie qui en
compte 2,3 (données non présentées).
La proportion
de peuplements mono-spécifiques en chênaie est
toutefois sensiblement moindre (10 % de moins)
qu’en pineraie (figure 15.10.). La pessière présente
quant à elle le nombre moyen d’essences le plus
faible (1,1 essence) et la proportion de
peuplements monospécifiques y est de 15 %
supérieure à ce qu’on observe en moyenne pour
l’ensemble des peuplements résineux.
Pineraie avec un sous-étage de feuillus mélangés.
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La nature du couvert forestier variant sensiblement d’un endroit à l’autre de la Wallonie, la richesse en essences diffère également d’une région à l’autre. L’Ardenne, largement dominée par les peuplements résineux qui y constituent 62 % des forêts, est, avec 1,7 essence par peuplement en moyenne (tableau 15.4.), la région naturelle où la composition des peuplements est la moins diversifiée. Son haut degré d’enrésinement ne constitue pas la seule raison de cette faible diversité puisque même les chênaies et surtout les hêtraies y sont moins diversifiées. En effet, les conditions stationnelles difficiles de cette région constituent un obstacle au développement de nombreuses essences sur une grande partie de son territoire. La pression du gibier, qui peut limiter le développement des espèces appétentes (chênes, érable sycomore, sorbier), y est également plus sensible que dans les autres régions.
Les résultats relatifs à la Région sablo-limoneuse sont à considérer avec précaution eu égard au nombre peu élevé d’U.E. concernées. Il en va de même pour les pessières en Région limoneuse.
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L’examen des relevés de végétation effectués dans chacun des peuplements permet d’analyser de manière plus détaillée la composition des forêts. En effet, toutes les essences y sont prises en compte, quel que soit leur stade de développement.
On atteint en moyenne 4,3 essences par relevé (donnée non présentée). Ce résultat est influencé négativement par la pessière qui demeure la moins diversifiée (2,0 essences en moyenne ; donnée non présentée) avec plus de la moitié de sa surface composée d’une seule essence (figure 15.11.). Par contre, plus de 20 % de la chênaie est composée de 8 essences ou plus, une proportion assez proche de celle que l’on observe en pineraie où 19 % de la surface comporte ce nombre d’essences.
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Sachant que les essences indigènes accueillent potentiellement davantage de biodiversité spécifique, il est intéressant d’évaluer leur diversité au sein des peuplements. Par ailleurs, la quantité d’organismes vivants inféodés à chaque essence variant peu au sein d’un même genre, le nombre de genres indigènes (ex. : les érables sycomore, plane et champêtre appartiennent au genre Acer) apporte des informations plus précises sur la capacité d’accueil potentielle des peuplements pour la biodiversité. En prenant en compte toutes les tiges quelles que soient leurs dimensions, on constate que 33 % des peuplements contiennent 5 genres indigènes ou plus, mais une proportion de surface quasi équivalente comporte un seul genre (données non présentées). Parmi les principaux types de peuplement, la chênaie est de loin la plus diversifiée avec 5,2 genres en moyenne (tableau 15.5.).
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En raison de l’important rôle socio-économique qu’elles jouent grâce à leur productivité élevée, les essences introduites (douglas, épicéa commun, chêne rouge d’Amérique…) occupent une place importante au sein des forêts wallonnes. En termes de surfaces couvertes, les peuplements qui contiennent au moins un arbre (mesurable) d’une essence introduite constituent 50 % de l’ensemble des peuplements, alors que les peuplements constitués exclusivement de ces essences en représentent 30 % (figure 15.12.). Par ailleurs, 57 % du capital sur pied sont constitués par les essences introduites (donnée non présentée).
Bien que la surface occupée par l’épicéa commun soit en régression, il demeure l’essence introduite la plus fréquemment rencontrée : on le trouve dans 42 % des peuplements de la forêt wallonne (section 8.1. – tableau 8.1.) et il représente plus de 50 % de la surface terrière dans 87 % d’entre eux (donnée non présentée).
Parmi les essences introduites, le pin sylvestre occupe une place particulière. Il possède en effet un potentiel biologique élevé, comparable à celui de beaucoup d’essences feuillues en raison de son caractère héliophile qui favorise le développement d’un sous-étage ligneux. Les peuplements qui contiennent du pin sylvestre (au moins une tige mesurable) ne représentent toutefois que 5 % de l’ensemble des peuplements inventoriés.
Parmi les essences introduites, certaines présentent un caractère invasif. En Wallonie, les espèces forestières ligneuses considérées comme invasives sont toutefois peu nombreuses et sont peu répandues. Le cerisier tardif (Prunus serotina) est la seule espèce à constituer un risque environnemental élevé. On le trouverait dans un peu plus d’1 % des peuplements. Des études sont en cours actuellement pour déterminer si d’autres essences pourraient présenter un caractère invasif.
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Tout comme la composition des peuplements, la structure est fréquemment utilisée pour évaluer le potentiel d’accueil de la forêt pour la biodiversité. Globalement, celle-ci semble d’autant plus élevée que la structure est complexe. Parmi les nombreux paramètres qui permettent de décrire la structure forestière nous en avons retenu deux en tenant compte de la disponibilité en données et de leur pertinence. Il s’agit du régime (futaie, taillis, taillis sous futaie) conjugué au mode de traitement (régulier, irrégulier) d’une part et de la stratification verticale d’autre part.
Le régime et le mode de traitement sont régulièrement cités comme des facteurs importants de diversification. Chaque modalité possède sa biodiversité propre. Elle permet de favoriser différents cortèges d’espèces. L’idéal serait dès lors de privilégier, à l’échelle du paysage, la plus grande diversité de régimes et de traitements possible.
La stratification verticale d’un peuplement favorise une partie de la diversité. Une relation étroite lie par exemple la richesse de l’avifaune et le nombre de strates, en relation avec la quantité de niches offertes, et ceci pour des habitats forestiers variés.
Le régime et le mode de traitement des peuplements forestiers inventoriés sont caractérisés en attribuant à chaque peuplement un « type de structure ».
Une analyse de la représentation des différents types de structure définis par l’inventaire (section 4.1.) à travers l’ensemble des peuplements wallons a été réalisée précédemment (chapitre 6). Elle a montré que plus de 90 % des peuplements résineux et un peu moins de 50 % des peuplements feuillus sont mono-étagés d’allure régulière.
Ensemble, taillis sous futaie et futaies sur taillis représentent 23 % de la surface forestière productive, 40 % si on ne considère que les peuplements feuillus (figure 15.13.). Par ailleurs, les taillis simples, qui sont l’habitat privilégié de certains animaux comme la gélinotte, constituent à peine 3 % de la surface. Pour rappel, l’étendue de ces derniers a régressé de 22.300 ha (- 61 %) depuis le début des années 80.
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Le degré de stratification verticale se base sur les relevés de végétation. La présence de végétation ligneuse est examinée à différents niveaux de hauteur prédéfinis (< 3 m, 3-9 m, 10 m ou plus). Chaque niveau où le recouvrement est d’au moins 25 % est pris en considération pour le calcul du degré de stratification. Cette méthode présente l’avantage d’intégrer tous les stades de développement.
En outre, les tiges ne doivent pas constituer un véritable étage de végétation au sens sylvicole du terme pour être prises en compte, contrairement aux étages des types de structure. Cela implique cependant une image plus locale de la situation (le relevé de végétation est effectué sur une placette de 4,5 ares, tandis que le type de structure est défini sur 40 ares).
Le nombre de strates observé dans les
différents types de peuplements (figure
15.14.) renforce les constats effectués
antérieurement. Les peuplements résineux,
dont la surface comporte une seule strate dans
77 % des cas, sont les moins bien diversifiés
en hauteur (1,2 strate en moyenne).
Au sein
des peuplements feuillus, la hêtraie, avec 61 %
de sa surface comportant un seul niveau de
végétation, est le peuplement feuillu le moins
stratifié.
La chênaie, quant à elle (1,8 strates
en moyenne), est assez proche de ce que l’on
observe pour l’ensemble des peuplements
feuillus (1,7 strates en moyenne).
Peuplement mélangé feuillus-résineux multi-étagé.
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A l’instar de la composition ligneuse du peuplement, la végétation herbacée joue un rôle important dans la capacité d’accueil pour une grande diversité d’organismes et notamment pour les grands herbivores. En outre, la végétation est souvent utilisée pour caractériser l’habitat au travers de typologies basées sur la phytosociologie ou d’espèces indicatrices.
Dans les peuplements et les mises à blanc, l’IPRFW procède à un relevé le plus exhaustif possible (strates ligneuses et herbacée, bryophytes exclues). Sur base des espèces identifiées conjuguées aux observations du sol, il détermine l’association végétale et le type d’habitat dont relève le peuplement à l’aide de la classification de Noirfalise. A ce sujet, on notera que les critères floristiques de classification phytosociologique ne correspondent pas à ceux de la classification dendrométrique des peuplements calculée sur base de pourcentages en termes de surface terrière. Il n’est donc pas étonnant de trouver plus de « hêtraie à luzule » que de peuplement « hêtraie ».
La typologie Waleunis utilisée depuis une petite dizaine d’années en Wallonie pour caractériser les associations végétales, n’a pu être intégrée à l’IPRFW que lors des dernières années du 1er cycle. Les deux typologies ont ensuite coexisté jusqu’à la fin du cycle de mesures. Depuis le début du 2e cycle de l’inventaire, la typologie Waleunis est la seule utilisée. Pour des raisons pratiques et techniques, la typologie Noirfalise a été conservée pour la présentation des données dans ce document.
Les surfaces occupées par les différentes associations phytosociologiques sont présentées au tableau 15.6. par nombre décroissant d’espèces herbacées.
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En termes d’associations subnaturelles, les chênaies sont le principal type de formation végétale par les surfaces occupées (plus de 180.000 ha). Trois types d’associations dominées par le chêne sont particulièrement bien représentés : la chênaie-charmaie à stellaire, la chênaie sessiflore à luzule et la chênaie-frênaie subatlantique à primevère. Ces trois associations représentent respectivement 40 %, 30 % et 20 % de la surface totale de chênaie. La hêtraie acidophile à luzule couvre quant à elle plus de 47.000 ha (82 % de la surface totale de hêtraie). Viennent ensuite une série de végétations moins fréquentes ou marginales (moins de 10.000 ha).
En ce qui concerne les résineux, une série d’associations à dominance mésophile (y compris sur d’anciennes terres agricoles) occupent 153.000 ha, tandis que les pessières des milieux marginaux (pessières subhumides, alluviales, sur argile blanche ou tourbe) occupent de l’ordre de 48.000 ha. L’analyse de la composition de la végétation montre que les milieux les plus fertiles (Chênaie-charmaie calcicole à troëne, Aulnaie-frênaie à stellaire, Peuplement résineux sur alluvions, Chênaie-frênaie subatlantique à primevère, Chênaie atlantique à jacinthe) présentent les plus grandes diversités floristiques (en moyenne 16 à 22 espèces, ligneux compris) et ce, qu’il s’agisse de peuplements résineux ou de feuillus. A l’opposé, les milieux très acides, très sélectifs, montrent la flore la moins diversifiée (en moyenne 7 à 9 espèces, ligneux compris), surtout sous hêtraie (Chênaie mixte à hêtre, Hêtraie acidophile à luzule) ou pessière (Peuplement résineux sur stations paratourbeuses, Peuplement résineux sur stations tourbeuses).
Comme le montre la gamme de diversité observée au sein des chênaies, qui varie de 11 (chênaie à luzule) à 22 espèces (chênaie calcicole), le milieu est plus déterminant que le peuplement quant à la diversité floristique.
La couverture herbacée en forêt est relativement importante. Seuls 13 % de la surface forestière productive présentent une couverture au sol inférieure à 5 % alors qu’elle dépasse 75 % dans 43 % des cas (tableau 15.7.). La chênaie comporte de loin la couverture herbacée la plus importante tandis qu’en hêtraie, elle est proche de celle observée en pessière.
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La diversité des espèces qui composent la couverture herbacée est plutôt faible. La moyenne générale est en effet de 8 espèces présentes par unité d’observation et 53 % des relevés effectués comptent moins de 7 espèces (figure 15.15.) malgré l’absence d’un seuil minimum de recouvrement. Toutefois, les disparités sont importantes entre les associations végétales ainsi qu’entre les types de peuplement. Le nombre moyen d’espèces varie ainsi de 4 à 14 en fonction des associations végétales (tableau 15.6.).
Toutefois, pour interpréter ces valeurs, il est important de garder à l’esprit que les endroits où sont réalisés les relevés de végétation ne sont pas choisis ; en effet, ils sont déterminés en fonction des coordonnées du centre de chaque U.E. qui sont définies au niveau de la grille d’échantillonnage. Ces endroits ne sont donc pas toujours parfaitement représentatifs de l’association végétale dans laquelle ils sont localisés, alors que c’est le cas dans les études phytosociologiques. Les valeurs absolues de diversité floristique ne sont donc pas directement comparables à celles présentées par les phytosociologues sur base de leurs relevés.
Lorsque l’évaluation du nombre d’espèces de la strate herbacée est effectuée au niveau des types de peuplement, on constate que les peuplements résineux et la plupart des peuplements dominés par le hêtre (hêtraies et peuplements mélangés hêtre-chêne) présentent les strates herbacées les moins diversifiées (tableau 15.8.). Les peupleraies sont quant à elles, avec les feuillus nobles, parmi les peuplements les plus diversifiés. Grâce à un couvert léger et un éclairement latéral souvent important (peuplements fréquemment isolés en milieu agricole), le sous-bois des peupleraies bénéficie d’un éclairement plus favorable au développement de la strate herbacée que la plupart des autres types de peuplement. Leur installation fréquente sur des milieux fertiles joue également un rôle important.
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Dans une certaine mesure, cette diversité est donc aussi le reflet des conditions écologiques générales qui prévalent au sein des régions naturelles (tableau 15.9.).
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Parmi les espèces qui composent les strates herbacées en forêt wallonne, nombreuses sont celles à n’être observées qu’occasionnellement. Plus de 300 espèces ont été répertoriées dans le cadre de l’inventaire, mais seules 21 d’entre elles sont présentes dans plus de 10 % des relevés.
La ronce des bois est de loin l’espèce la plus souvent rencontrée. Elle se trouve dans plus d’un relevé sur deux. Comme la fougère aigle et l’anémone des bois, elle forme régulièrement d’importants tapis. Leur recouvrement est en effet supérieur à 50 % dans environ 20 % des cas (tableau 15.10.). Dans une moindre mesure, le lierre, la molinie, la canche flexueuse, la myrtille et la houlque molle forment aussi régulièrement des tapis plus ou moins continus.
A l’inverse, certaines espèces sont fréquentes (plus de 15 % des relevés en contiennent) mais de manière discrète (recouvrement inférieur à 5 %) dans plus de 75 % des cas (dryopteris des chartreux, germandrée scorodoine, luzule blanchâtre). La grande majorité de ces espèces relève de contextes acides, bien en phase avec la répartition majoritaire des forêts dans les sols à charge caillouteuse siliceuse (tableau 14.6.), notamment en l’Ardenne.
Tapis de ronce en hêtraie.
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La continuité de l’état boisé sur une très longue durée permet aux espèces typiquement forestières qui disposent d’un faible pouvoir de dispersion de se maintenir au cours du temps. Cela concerne des champignons, des insectes, des mousses, des plantes à fleurs, des reptiles… Le rôle de refuge que jouent les forêts anciennes pour ces espèces en fait des milieux intéressants pour la biodiversité spécifiquement forestière. Le concept d’ancienneté peut varier suivant les auteurs et les régions mais, le plus souvent, on considère qu’une forêt est ancienne si son installation date d’au moins 200 ans.
Certaines informations que l’inventaire récolte (localisation, origine, antécédents culturaux, composition floristique) permettent indirectement d’identifier les forêts anciennes. Le recours à des données externes à l’inventaire en complément des informations disponibles est toutefois nécessaire pour permettre l’identification des forêts anciennes même si cette information demeure malgré tout peu précise.
A l’heure actuelle, il existe principalement deux pistes pour l’identification des forêts à longue continuité historique : les cartes anciennes et les plantes indicatrices de forêts peu perturbées.
La Wallonie bénéficie d’une couverture cartographique presque complète de son territoire effectuée au 18e siècle à l’initiative du Comte de Ferraris (1777). La comparaison des cartes dressées à l’époque avec la couverture forestière actuelle décrite par l’inventaire permet de détecter les massifs forestiers les plus susceptibles d’être des forêts anciennes (Carte 15.1. et figure 15.16.).
Cette manière de procéder comporte malheureusement le risque que des zones déboisées puis reboisées ensuite entre la fin du 18e siècle et aujourd’hui soient considérées comme des forêts anciennes. Des cartes intermédiaires existent mais les travaux de numérisation ne sont pas terminés.
En localisant les unités d’observation inventoriées au cours du 1er cycle de l’IPRFW sur les cartes de Ferraris, on constate notamment que près des deux tiers (64 %) des zones qui étaient boisées il y a plus de 200 ans le sont toujours mais, transformées pour 40 % d’entre elles en plantations résineuses (figure 15.16.). Par ailleurs, parmi les zones forestières productives actuelles, 56 % étaient déjà boisées à l’époque de Ferraris (figure 15.17.).
Une autre approche pour déterminer l’ancienneté des forêts est l’analyse de leur composition floristique, certaines plantes typiques des forêts anciennes pouvant jouer le rôle d’indicateur. Toutefois, actuellement, cette voie n’est malheureusement pas encore réalisable avec précision. Des recherches sont en cours pour préciser la liste des plantes indicatrices et pour améliorer la méthode. Il apparaît néanmoins clairement qu’il sera nécessaire de combiner plusieurs sources d’informations pour permettre une identification fiable des forêts anciennes et faiblement perturbées.
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De nombreuses espèces forestières dépendent, pour une partie au moins de leur cycle de vie, du bois mort ou mourant. Ces espèces, dites « saproxyliques », représentent environ 20 % de la totalité des espèces forestières. On compte parmi elles : des champignons, des lichens et bryophytes, des arthropodes, des mammifères et des oiseaux.
La présence régulière et sous des formes variées (position, essence, circonférence, niveau de décomposition…) de bois mort influence fortement la capacité d’accueil potentielle des forêts pour la biodiversité. La quantité de bois mort est d’ailleurs un des facteurs les plus fréquemment utilisés pour l’évaluer.
La forêt wallonne compte en moyenne 8,2 m³/ha de bois mort, ce qui correspond à un volume total de près de 4 millions de m³ (donnée non présentée). Il ne se répartit toutefois pas de manière homogène. Seule la moitié des unités d’observation installées dans les peuplements et les mises à blanc comporte du bois mort (figure 15.18.) et 20 % d’entre elles en comptent plus de 10 m³/ha.
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Les bois morts se trouvent davantage au sol (57 % du volume total) que sur pied (tableau 15.11.). Par ailleurs, ils sont souvent de grosseur assez faible. La moitié du volume de bois mort au sol est ainsi constituée d’éléments de moins de 50 cm de circonférence (donnée non présentée). Si on s’intéresse au seul bois mort sur pied, 50 % du volume sont constitués de tiges de moins de 60 cm de circonférence (figure 15.19.).
La circonférence des éléments de bois mort au sol est mesurée à mi-longueur. Pour le bois mort sur pied, la circonférence est mesurée 1,50 m au-dessus du sol.
Les bois morts de fortes dimensions sont rares.
Seuls 8 % du volume de bois mort au sol et
17 % de celui sur pied sont constitués par des
bois de plus de 125 cm de circonférence (40 cm
de diamètre1), ces pourcentages passant
respectivement à 1 % et 4 % lorsque le seuil est
de 200 cm (donnée non présentée).
La prise en
compte des seuls bois morts au-delà du seuil de
125 cm de circonférence, au sein des
peuplements où la circonférence moyenne est
également supérieure à ce seuil de grosseur,
met très nettement les hêtraies en évidence
(tableau 15.12.).
Elles contiennent en moyenne
6 m³/ha de gros bois morts (76 % de plus que
pour l’ensemble des peuplements), ce qui
contraste fortement avec la situation en chênaie
(2,4 m³/ha).
Cela s’explique notamment par les conséquences de la « maladie du hêtre ». Au début des années 2000, les attaques de scolytes et ensuite de champignons ont entraîné une augmentation importante de la quantité d’arbres morts essentiellement en hêtraie.
Vieille hêtraie scolytée comportant une quantité importante de bois mort à terre et sur pied (réserve forestière du Rurbusch).
Le volume total de bois mort varie assez peu d’un type de peuplement à l’autre (tableau 15.11.). On observe néanmoins que la hêtraie et la chênaie comptent en moyenne moins de bois mort que les autres types de peuplement. Cela se marque particulièrement au niveau du bois mort au sol en chênaie. On notera également que la prédominance du bois mort au sol sur le bois mort debout est plus marquée en peuplement résineux où les bois dépérissants sont généralement rapidement récoltés pour éviter le développement des populations de scolytes. En outre, l’utilisation privilégiée des essences feuillues comme bois de feu constitue aussi un facteur explicatif de cet état de fait.
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Globalement, la quantité de bois mort en forêt privée est de 22 % plus élevée (soit 1,6 m³/ha) que celle que l’on observe en forêt publique (tableau 15.13.). Cette différence se marque essentiellement au niveau du bois résineux mort au sol qui est 46 % plus important en privé. Par contre, dans tous les autres cas, la différence est plutôt faible. On remarque également qu’au sein des forêts publiques, le volume à l’hectare de bois mort d’essences feuillues est similaire à celui d’essences résineuses.
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Une autre manière de quantifier l’importance du bois mort en forêt est de calculer le rapport entre la nécromasse et la biomasse aérienne totale (tableau 15.14.). Pour la plupart des types de peuplement, la masse sèche de bois mort représente entre 2 % et 7 % de la biomasse ligneuse aérienne (sur base du tableau 10.5. – section 10.3.).
La nécromasse correspond à la quantité de matière végétale et/ou animale morte exprimée en kg ou tonnes de matière sèche. Seule la nécromasse du bois mort sur pied et au sol est concernée ici. La réduction de masse qu’entraîne la décomposition du bois mort n’est pas prise en compte.
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D’une espèce saproxylique à l’autre et, au sein d’une espèce, d’un stade de développement à l’autre, le niveau de décomposition du bois mort recherché peut varier. La diversité des niveaux de décomposition rencontrés en forêt influence donc celles des organismes vivants qu’elles peuvent potentiellement accueillir.
En forêt wallonne, le volume de bois mort se répartit de manière plutôt équilibrée entre les différents niveaux de décomposition (tableau 15.15.). Le bois mort sans décomposition qui a une probabilité élevée d’être récolté après le passage en inventaire n’est pas comptabilisé. Ce qui explique en partie les valeurs plus faibles pour ce type de bois mort.
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Les symptômes du vieillissement des arbres (mortalité de branches, décollement et fissuration de l’écorce, creusement de cavités…) contribuent à la formation de micro-habitats potentiels pour une faune spécifique diversifiée (insectes, oiseaux, petits mammifères). Ces altérations de l’état des arbres se manifestant surtout une fois l’âge de maturité atteint, on observe une augmentation importante du nombre d’espèces hébergées une fois cet âge dépassé.
Pour identifier les vieux arbres potentiellement intéressants pour la biodiversité, il faudrait idéalement dénombrer les habitats qu’ils hébergent ou au moins connaître leur âge, qui est corrélé avec la probabilité que des signes de sénescence soient présents. Étant donné les difficultés rencontrées pour obtenir ces données, du moins en feuillus (l’âge des vieux feuillus est toujours inconnu), la grosseur des arbres est fréquemment utilisée comme alternative. Deux séries de seuils de grosseur sont présentées dans la suite du texte. La première est tirée de l’Arrêté du Gouvernement Wallon du 24 mars 2011 (M.B., 03.05.2011). La seconde est celle définie dans le cadre de l’estimation de l’état de conservation des habitats d’intérêt communautaire (HIC). Elle tient davantage compte de la biodiversité potentiellement associée à l’essence en fonction de la grosseur de l’arbre.
Les seuils de grosseur définis par le Gouvernement wallon pour identifier les arbres de grosse dimension potentiellement intéressants sont de 200 cm pour le chêne et de 150 cm pour les autres essences.
Sur base de ces seuils, on compte globalement 11 gros bois vivants (GB) par ha (pour l’ensemble de la forêt productive). Leur nombre en forêt résineuse (8 GB/ha) est plus faible qu’en forêt feuillue (14 GB/ha).
C’est en hêtraie que l’on trouve de loin le plus grand nombre de gros bois (32 GB/ha dont 95 % sont des hêtres, figure 15.20.). Les chênaies, elles, contiennent 5 GB/ha en moyenne, c’est presque le tiers de la moyenne observée pour l’ensemble des peuplements feuillus.
Les quantités très différentes de gros bois de hêtre et de chêne
s’expliquent par une meilleure représentation des tiges de forte
dimension en hêtraie (section 7.1., tableau 7.3.) qu’en chênaie
(section 7.2., tableau 7.7.). Cette dernière est également moins
dense et compte en moyenne moins de tiges à l’hectare.
A ces
causes structurelles, s’ajoute le choix d’un seuil de circonférence
nettement plus faible pour le hêtre que pour le chêne.
Si on
considère un seuil de 200 cm pour le hêtre, la différence entre les
nombres de gros bois au sein des 2 types de peuplement se réduit
sensiblement mais la hêtraie compte toujours davantage de gros
bois que la chênaie.
Toutefois, à l’échelle de l’ensemble des
peuplements, la quantité de gros bois de chêne à l’hectare devient
similaire à celle du hêtre. La présence plus fréquente du chêne que
du hêtre dans les peuplements feuillus où il ne domine pas en est la
principale cause. En effet, 13 % des peuplements feuillus (hors
chênaie) contiennent au moins un gros bois de chêne tandis que
pour le hêtre, seuls 7 % des peuplements feuillus (hors hêtraie)
contiennent au moins un gros bois.
Au sein des peuplements
feuillus, on compte ainsi 0,9 GB de hêtre/ha hors hêtraie et 1,8 GB
de chêne/ha hors chênaie (données non présentées).
Très gros chêne vivant avec de nombreuses grosses branches mortes et plusieurs cavités.
Pour ce qui est des autres types de peuplement, la quantité de gros bois est toujours comprise entre les valeurs en hêtraie et en chênaie. On trouve ainsi 13 GB/ha au sein de « l’ensemble des autres feuillus » (peuplements feuillus hors chênaie et hêtraie), 9 GB/ha pour « l’ensemble des autres résineux » (peuplements résineux hors pessière) et 7 GB/ha en pessière (figure 15.20.).
Bien que l’on compte en moyenne moins de gros bois en pessière que chez les « autres résineux », l’épicéa représente tout de même 27 % des gros bois (3 GB/ha) de l’ensemble des forêts wallonnes contre 37 % pour le hêtre et 12 % pour le chêne.
Les gros bois d’épicéa sont par ailleurs mieux représentés au sein des peuplements feuillus que le hêtre ou le chêne ne le sont dans les peuplements résineux. Ces valeurs sont bien entendu à analyser à la lumière des spécificités de chaque essence (seuil de circonférence pour être considéré comme gros bois, longévité, sylviculture…).
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En hêtraie et en chênaie, la distribution des très gros arbres par classe de circonférence présente une forte décroissance (figure 15.21.). Les arbres d’au moins 240 cm de circonférence sont rares surtout en chênaie où on en compte moins de un par hectare contre 2 en hêtraie.
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Dans le cadre du suivi de l’état de conservation des habitats d’intérêt communautaire (HIC - réseau écologique Natura 2000), d’autres seuils de grosseur sont utilisés pour identifier les arbres de grosse dimension. Ils ont été définis de manière à correspondre au stade de développement de l’arbre auquel les signes de vieillissement sont les plus susceptibles d’apparaître de façon marquée. Ils tiennent compte des spécificités de chaque essence, notamment de leurs capacités de croissance (tableau 15.16.). Seules les essences indigènes sont toutefois prises en compte. A l’origine, les seuils de grosseur sont également adaptés au type d’habitat dans lequel l’essence se trouve mais, dans un souci de simplification, il n’est fait ici aucune distinction à ce niveau.
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Sur base des seuils de grosseur définis pour le suivi des HIC, la quantité globale moyenne d’arbres de grosse dimension est de 1,1 arbre par ha (concerne l’ensemble de la forêt productive qu’il y ait des arbres mesurables ou non). Parmi les principaux types de peuplement, c’est la hêtraie qui en compte le plus avec 1,4 tiges/ha (tableau 15.17.). On notera toutefois que les peuplements de feuillus nobles, qui comprennent les peuplements mélangés hêtre-chêne, comptent en moyenne davantage de gros arbres. C’est également dans ce type de peuplement que les gros arbres sont le plus fréquemment présents (12 % des U.E. en contiennent au moins 1 contre 11 % en hêtraie et 8 % pour l’ensemble des peuplements feuillus ; données non présentées).
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Les écosystèmes forestiers constituent d’importants réservoirs de biodiversité. Afin d’assurer la pérennité des zones les plus intéressantes pour le maintien, la conservation et l’amélioration appropriée de la diversité biologique, des statuts spéciaux ont été créés. Il s’agit des réserves forestières, des réserves intégrales et des habitats d’intérêt communautaire (Natura 2000). Les contraintes de gestion qui y sont imposées varient d’un statut à l’autre mais le but poursuivi est toujours le même, la préservation de biotopes nécessaires à la survie à long terme des espèces naturellement présentes en Wallonie.
Le choix des forêts à protéger ne dépend pas uniquement de la menace de disparition qui pèse sur l’une ou l’autre espèce à l’intérieur de notre territoire. En effet, même si une espèce n’est pas menacée au niveau régional, elle peut l’être à une plus large échelle. Ces considérations s’appliquent surtout à Natura 2000 dont les habitats forment un réseau qui s’étend à travers toute l’Europe. Ceux-ci ne concernent d’ailleurs pas que la forêt.
L’inventaire forestier wallon relève uniquement l’appartenance des zones inventoriées à un site Natura 2000. La surface couverte par les zones forestières bénéficiant d’un autre type de statut de protection est insuffisante que pour être estimée précisément par l’IPRFW.
En Wallonie, les habitats d’intérêt communautaire couvrent au total (tous types d’écosystèmes confondus) 13 % du territoire. C’est au sein du domaine forestier que l’on trouve la majorité des zones Natura 2000 (74 %). Les zones forestières sous statut Natura 2000 couvrent ainsi 180.000 hectares et sont majoritairement détenues par des propriétaires publics (60 %).
On notera par ailleurs que, quelle que soit la nature du propriétaire, les zones forestières concernées sont essentiellement feuillues. Les peuplements résineux, qui sont composés presque exclusivement d’essences introduites, représentent 25 % et 38 % des peuplements situés dans les périmètres en Natura 2000, respectivement en public et en privé (tableau 15.18.).
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La surface couverte par les zones forestières sous statut de protection « Natura 2000 » varie fortement, d’une région naturelle à l’autre. L’Ardenne, en raison de son importante couverture forestière et malgré son degré d’enrésinement élevé, contient la majeure partie de la surface des forêts bénéficiant du statut « Natura 2000 » (56 %). L’examen des proportions de forêt appartenant au réseau Natura 2000 permet néanmoins de constater que les régions les plus boisées ne sont pas systématiquement celles qui présentent la plus grande surface de forêts classées « Natura 2000 ». La Région jurassique, par exemple, présente la même surface en Natura 2000 que le Condroz alors que sa superficie forestière est deux fois plus faible. On notera par ailleurs que c’est la Famenne qui comporte la proportion la plus élevée de forêts en Natura 2000 (52 %) (tableau 15.19.).
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