L’existence de signes d’opérations sylvicoles constitue également un indicateur de gestion. Leur présence étant relevée par l’IPRFW, la fréquence des interventions au sein des peuplements est quantifiable. Les travaux concernés sont présentés au tableau 12.1.
L’examen de la fréquence des différentes opérations donne un aperçu de l’intensité de la sylviculture qui est réalisée dans les forêts de Wallonie. De manière globale, près de 75 % des peuplements ont connu au moins une opération sylvicole depuis leur installation.
L’éclaircie et l’élagage de pénétration sont de loin les opérations les plus fréquemment observées (respectivement 66 et 29 % des peuplements). Le nettoiement, une opération qui vise à doser le mélange en essences tout en éliminant les tiges en mauvais état sanitaire, mal conformées ou non désirées, semble également assez fréquent ; cependant, ne pouvant pas toujours être détecté de manière fiable (risque de confondre avec la première éclaircie), aucune valeur le concernant ne peut être présentée.
Afin de faciliter la réalisation des éclaircies, ainsi que d’autres soins culturaux, des cloisonnements sont parfois créés. Cette opération, qui permet de limiter les dégâts au peuplement, est cependant peu pratiquée. Les cloisonnements sont quasi inexistants au sein des peuplements feuillus et, en résineux, ils concernent un peu plus de 3 % de l’ensemble des peuplements (78 % des peuplements où des cloisonnements ont été observés avaient entre 20 et 40 ans au moment du passage en inventaire, donnée non présentée).
Cloisonnement en pessière
PHOTO : GRFMN |
La nature des opérations sylvicoles réalisées dans les peuplements évolue au cours de leur développement. Alors que certaines opérations sont réalisées exclusivement dans le jeune âge (regarnissage, plantation d’enrichissement, taille de formation…) d’autres n’interviennent que plus tard (éclaircies) voire marque un point final au développement du peuplement (mise à blanc).
Afin d’évaluer plus précisément si le recours à certaines pratiques sylvicoles en particulier est fréquent ou pas, il est donc nécessaire de se limiter à des catégories d’âge bien précises. Contrairement aux peuplements résineux où l’âge est souvent connu, en feuillus, c’est le stade de développement (déduit du type de structure) qui permet d’identifier les peuplements susceptibles d’avoir subi l’une ou l’autre opération sylvicole. Dans les lignes qui suivent une analyse ciblée sur certaines classes d’âge ou stades de développement est menée pour plusieurs soins culturaux, pour les éclaircies et pour les mises à blanc.
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Les soins culturaux regroupent toutes les opérations sylvicoles qui ne relèvent pas d’une coupe, qu’elle soit partielle (éclaircie) ou totale (mise à blanc). Les soins dont les signes de réalisation sont relevés par l’IPRFW sont présentés en ordre chronologique au tableau 12.1.
Si on s’intéresse uniquement aux jeunes peuplements, les soins susceptibles d’être apportés en concernent de 1 à 24 % (tableau 12.2.).
Les soins apportés aux jeunes futaies feuillues concernent une proportion des peuplements plus faible que pour les jeunes peuplements résineux, à l’exception de la taille de formation.
L’élagage de pénétration, qui est le soin le plus fréquemment observé, concerne surtout les peuplements résineux. Parmi ces derniers, 15 % des peuplements de moins de 20 ans ont subi un élagage de pénétration et ce pourcentage passe à 72 % lorsqu’on s’intéresse aux peuplements entre 20 et 30 ans (données non présentées).
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La proportion plus importante en résineux qu’en feuillus de peuplements avec des indices de soins culturaux est autant marquée en forêt privée qu’en forêt publique (tableau 12.3.).
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L’éclaircie constitue une opération sylvicole essentielle pour la gestion d’un peuplement forestier. On relève d’ailleurs des traces d’éclaircies dans 81 % des peuplements susceptibles d’être éclaircis.
La proportion de peuplements éclaircis en forêt publique est supérieure de plus de 17 % à celle qui est observée en forêt privée (tableau 12.4.). En outre, en forêt privée, les peuplements résineux sont davantage éclaircis que les feuillus alors qu’il n’existe aucune différence sensible en forêt publique.
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Comme le montre la figure 12.1., en pessière, la première éclaircie est rarement effectuée avant 20 ans. On notera par ailleurs que 4 % des peuplements de plus de 40 ans ne sont toujours pas éclaircis (donnée non présentée).
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Bien que les données récoltées par l’inventaire ne permettent pas de déterminer le nombre d’éclaircies réalisées dans un peuplement (sauf dans le cas de jeunes peuplements), l’observation de la réalisation ou non d’une éclaircie dans les jeunes peuplements permet de dégager quelques tendances. Une analyse de la situation en pessières montre ainsi que les éclaircies systématiques (prélèvement de lignes entières selon un schéma préétabli) sont peu pratiquées et que même en se concentrant sur les peuplements jeunes (< 30 ans), elles sont rarement observées (tableau 12.5.), le type d’éclaircie pris en compte étant celui de la dernière éclaircie réalisée.
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La mise à blanc, aussi appelée coupe rase, correspond à un terrain où l’ensemble des arbres ont été exploités (coupe définitive). Elle s’applique le plus souvent aux peuplements de type équienne résineux mais elle peut aussi être appliquée en peuplements feuillus (tableau 12.4.), notamment en peupleraie.
La mise à blanc peut concerner la totalité ou seulement une partie de la surface d’un peuplement. L’IPRFW considère qu’une mise à blanc a été effectuée si le point d’inventaire se situe dans la mise à blanc (ou la partie mise à blanc) et que la surface coupée est d’au moins 10 ares. La surface totale de mises à blanc s’élève à 12.200 ha. Il s’agit essentiellement de peuplements résineux (84 % des mises à blanc) et plus précisément, de pessières (80 % des mises à blanc) (données non présentées). Les pessières sont mises à blanc en moyenne à 58 ans (donnée non présentée). L’âge effectif peut toutefois s’en éloigner fortement. |
Aperçu d’une vieille mise à blanc.
PHOTO : FRANÇOIS LEHAIRE |
La proportion de mises à blanc hâtives (avant 40 ans) ou tardives (après 80 ans) dépasse en effet les 20 % (figure 12.2.). La surface déboisée se situe quant à elle le plus souvent entre 1 et 5ha (figure 12.3.), un constat logique étant donné l’interdiction par le Code forestier de réaliser des coupes rases de plus de 5 ha d’un seul tenant en peuplement résineux (au sein de la même propriété). A titre d’information, cette surface est de 3 ha en peuplement feuillus.
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Le délai qui s’écoule entre la coupe et l’installation d’un nouveau peuplement (par plantation ou de manière naturelle) peut varier fortement. Il n’est pas possible de déterminer la durée pendant laquelle une parcelle reste à l’état de mise à blanc sur la seule base des données du 1er cycle de l’IPRFW. Les âges de mise à blanc collectés fournissent toutefois des indications intéressantes. Comme ils correspondent au nombre d’années entre la coupe et la prise de mesures, ces âges sont au moins aussi élevés que les durées de reboisement réelles. On peut ainsi observer que près de 40 % des mises à blanc sont âgées d’au moins 4 ans et que 7 % d’entre elles ont plus de 5 ans (données non présentées).
La surface forestière considérée comme quasi inexploitable couvre plus de 11.000 ha en Wallonie et totalise environ 1,7 millions de m³ de bois sur pied (bois fort de la tige). Pour les identifier, la pente du terrain ainsi que la portance des sols sont les deux critères retenus. La portance, qui est évaluée par l’intermédiaire de l’économie en eau des sols, est d’autant plus faible que le drainage est pauvre. On considère que les peuplements installés sur sol tourbeux ou sur une pente de 30 degrés ou plus sont quasi inexploitables.
La présente analyse s’attache à évaluer d’une part l’accessibilité des peuplements et, d’autre part, leur exploitabilité effective par le biais des opérations sylvicoles qui y ont été effectuées.
Les difficultés d’exploitation occasionnées par une forte pente sont assez limitées en Wallonie. La répartition des peuplements suivant la pente indique en effet que 47 % de la surface forestière se situe sur terrain plat (pente < 5°) et 91 % sur des pentes qui n’entravent pas véritablement l’exploitation (pente < 20 °). La distribution de la surface de forêt par classe de pente est assez similaire d’un type de propriétaire à l’autre (tableau 12.6., figure 12.4.).
Si l’on tient également compte de la portance des sols, qui peut être un obstacle à l’exploitation si elle est insuffisante, l’exploitabilité de certains peuplements situés sur faible pente devient aussi problématique. Toutefois, les stations concernées (sols très hydromorphes) étant défavorables pour la plupart de nos essences, la surface forestière concernée serait faible. En outre, les pratiques qui consistaient à drainer le terrain avant de planter ne sont plus autorisées aujourd’hui. On assiste même à un déboisement de certaines de ces zones dans le but de restaurer les habitats naturels (projets LIFE) ; d’autres peuplements, situés dans ces sols et arrivés à maturité, sont exploités sans être remplacés.
D’une manière générale, les conditions d’exploitation des peuplements en Wallonie sont bonnes. L’exploitation se révèle complexe, voire quasi impossible pour moins de 10 % de la surface forestière. On notera également l’absence de réelle différence entre la situation en forêt privée et celle en forêt publique. Pour apprécier objectivement les difficultés d’exploitation, il faut également tenir compte d’autres facteurs tels que notamment l’existence de voiries (voir section suivante). |
Pessière installée sur terrain en forte pente.
PHOTO : HUGUES CLAESSENS |
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L’accessibilité des peuplements aux engins d’exploitation est importante à considérer pour évaluer la facilité avec laquelle les ressources forestières wallonnes peuvent être mobilisées. L’inventaire permet d’apprécier cette accessibilité par l’intermédiaire de la distance de débardage qui est déterminée sur carte et sur le terrain pour chaque peuplement inventorié. Elle correspond à la distance qui sépare le peuplement (le point d’inventaire) de la voirie la plus proche empruntable par un camion, selon un tracé praticable du point d’observation jusqu’à la voirie (avec contournement d’obstacles éventuels).
La distance moyenne de débardage pour l’ensemble de la forêt wallonne est voisine de 200 m. Les peuplements localisés à moins de 100 mètres d’une voirie permettant le passage d’un grumier représentent 27 % en feuillus et 31 % en résineux (tableau 12.7.). La distance de débardage est supérieure ou égale à 500 m dans 10 % des cas et exceptionnellement supérieure à 1.000 m. |
Chargement de grumes entreposées en bordure de voirie.
PHOTO : SEBASTIEN JANDRAIN |
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