Dégâts aux arbres et aux peuplements

En complément des mesures dendrométriques, la présence de dégâts ou de maladies est relevée. Alors que les dégâts peuvent être caractérisés assez aisément, il n’en est pas de même pour l’état sanitaire. Les symptômes des maladies ou des attaques pouvant être difficiles à déceler si les conditions d’observation sont défavorables, les informations récoltées sont partielles et sont destinées avant tout à dégager des tendances.

L’observation de l’état sanitaire est réalisée au niveau de la zone de 40 ares et concerne chaque arbre constituant l’échantillon. Elle a principalement pour but de déterminer la proportion d’arbres en mauvaise santé et leur répartition dans le peuplement.

Avec toutes les précautions d’usage qu’implique l’interprétation de telles données, on constate que des signes de dépérissement, toutes causes confondues, ont été relevés dans environ un quart des peuplements (figure 13.1.). La proportion de peuplements touchés serait globalement faible et les cas de dépérissement généralisés seraient assez rares.

La présence de la faune sauvage en forêt peut entraîner des dégâts aux arbres et à la régénération, dégâts dont la gravité dépend de la proportion de peuplements atteints et au sein de ces peuplements du nombre de tiges affectées. Des dégâts trop fréquents à la régénération (abroutissement, frotture) peuvent hypothéquer l’avenir des peuplements.

Ceux qui concernent les arbres adultes (écorcement, frotture…) peuvent quant à eux entraîner une dépréciation parfois très importante de la valeur technologique des produits ligneux (pourriture notamment). Ceux qui concernent la régénération (abroutissement, écorcement) occasionnent des retards de croissance ou de mortalité des plants. Les dégâts précités peuvent influencer considérablement la rentabilité financière des peuplements.

Les informations récoltées par l’inventaire permettent de quantifier l’importance des surfaces et des volumes concernés et de déterminer quels arbres et peuplements sont atteints. Une cartographie des dégâts au sein des territoires est également réalisable.

Aussi longtemps qu’ils demeurent visibles, les dégâts de gibier sont pris en compte quel que soit leur degré d’ancienneté. La densité du gibier influence localement l’intensité des dégâts observés. On notera également que l’examen des dégâts causés aux jeunes peuplements non élagués est moins aisé en raison des difficultés de circulation dans le peuplement.

La présence et l’intensité (pourcentage de tiges atteintes) des dégâts sont examinées tant en ce qui concerne les arbres adultes que la régénération.

Les dégâts causés aux peuplements adultes par le grand gibier concernent essentiellement les peuplements rési-neux (tableau 13.1.). Pour la pessière, qui est la plus atteinte, c’est plus d’un tiers de la surface qui est touchée, dont 14 % sévèrement (plus de 25 % des tiges concernées). En douglasaie, c’est environ un cinquième de la surface qui est affectée.

Les peuplements feuillus, quant à eux, sont relativement épargnés et ceux qui sont touchés comptent rarement plus de 25 % de tiges endommagées. Il n’en va pas du tout de même pour la régénération où les dégâts sont davantage généralisés. Les peuplements feuillus sont au moins aussi atteints que les résineux.

Jeune hêtre régulièrement abrouti.
PHOTO : FRANÇOIS LEHAIRE

Globalement, près d’un tiers de la surface régénérée naturellement (tableau 13.3.) et 30 % de la surface régénérée par plantation (tableau 13.2.) présentent des dommages causés par le grand gibier. Des dégâts affectant plus de 25 % des tiges sont observés dans 9 % de l’ensemble des cas.

L’écorcement des arbres par les cervidés est un problème majeur dans les forêts de production. Les dégâts occasionnés sont particulièrement dommageables pour des essences comme l’épicéa commun qui développent des pourritures entraînant une perte de valeur considérable des produits exploités.

Les dégâts causés aux arbres adultes concernent 6,2 millions de m³, soit près de 6 % du volume total (tableau 13.4.). L’épicéa commun est de loin l’essence la plus touchée avec 12 % de son capital sur pied affecté, alors qu’au niveau des feuillus la proportion du volume déprécié n’atteint pas 1 %. L’examen plus détaillé des épicéas atteints montre que des dégâts sont d’autant moins fréquemment observés que la circonférence des tiges est élevée (tableau 13.5.).


Epicéa fraîchement écorcé
Epicéa fraîchement écorcé.
PHOTO : FRANÇOIS LEHAIRE

L’influence de l’âge est également intéressante à analyser. La proportion de surface de pessière atteinte par des dégâts est la plus importante entre 20 et 80 ans (tableau 13.6.). Pendant cette période, cette proportion est assez stable et est toujours comprise entre 35 et 40 %. Néanmoins, au sein des peuplements touchés, l’intensité des dégâts tend à diminuer avec l’augmentation de l’âge. La proportion de peuplements avec plus de 25 % d’arbres atteints passe en effet de près de 60 % à 30 %.

En termes de capital ligneux sur pied, la proportion du volume d’épicéa atteinte par des dégâts diminue après 60 ans mais la part du volume touchée semble ensuite demeurer stable (tableau 13.7.).

La proportion plus faible de dégâts avant 20 ans s’explique essentiellement par l’absence d’élagage dans la plupart des peuplements. La réduction de la proportion de tiges touchées par des dégâts avec l’âge s’explique quant à elle par plusieurs phénomènes : l’appétence de l’écorce diminue en effet avec l’âge, les éclaircies successives permettent l’élimination des tiges atteintes, les blessures anciennes se referment avec la croissance de l’arbre et deviennent de moins en moins visibles avec le temps.

Les dégâts de gibier aux arbres adultes ne se répartissent pas de manière homogène à travers la Wallonie (tableau 13.8.). Les forêts ardennaises concentrent la plupart des dégâts. 95 % du volume des arbres concernés par des dégâts s’y trouvent. La Haute Ardenne est la zone la plus touchée avec 14 % du volume de bois sur pied qui présentent des dégâts alors qu’à l’échelle de l’ensemble de l’Ardenne ce pourcentage se situe à 8 %.

En forêt les causes de dégâts sont multiples. La plupart d’entre elles sont biotiques, les activités humaines (travaux d’exploitation) et animales (dégâts de gibier, attaques d’insectes) provoquent en effet régulièrement des dégâts qui peuvent nuire à la santé et au développement des forêts. Toutefois, il existe également des dégâts d’origine abiotique (climatique). Dans le cadre de l’inventaire, les traces de dégâts de tempête plus ou moins récents sont ainsi relevées pour permettre d’estimer les surfaces atteintes et l’intensité des dégâts.

Sous l’effet de vents violents des bris de tiges et des chablis peuvent survenir. Globalement, on compte 5 % de peuplements touchés (donnée non présentée) parmi lesquels les dégâts sont rarement généralisés. Les surfaces où des dégâts ont été observés couvrent pour la plupart moins de 1 hectare (tableau 13.9.) et concernent majoritairement moins de 5 % des tiges du peuplement (tant les chablis isolés que les vastes zones sinistrées sont pris en compte).

L’inventaire relève également les dégâts d’incendie mais ceux-ci sont extrêmement rares.

Chablis récent
Chablis récent d'un épicéa en bordure de cours d'eau.
PHOTO : DELPHINE BET
Jeune peuplement résineux après le passage du feu
Jeune peuplement résineux après le passage du feu en Hautes-Fagnes.
PHOTO : HUGUES CLAESSENS