Régénération

Une gestion durable des forêts implique par définition que leur pérennité soit assurée. Pour y parvenir, de jeunes tiges doivent régulièrement remplacer celles qui disparaissent (exploitation, mortalité naturelle). Pour garantir ce renouvellement, l’installation régulière de la régénération en quantité suffisante est indispensable. La fréquence à laquelle la régénération est installée dans les forêts wallonnes est tout d’abord évaluée. Ensuite, l’analyse des efforts de renouvellement antérieurs est effectuée en s’appuyant sur les distributions de tiges par classes de grosseur (peuplements irréguliers) ou d’âge (peuplements réguliers), qui fournissent également des indications sur l’approvisionnement futur en produits ligneux.

L’installation régulière et en quantité suffisante de la régénération est indispensable pour garantir la pérennité des forêts.

Selon les recommandations de gestion durable définies pour les forêts en Europe, la régénération naturelle est à privilégier dans tous les cas où la qualité et la quantité des ressources forestières est assurée et où le peuplement d’origine est adapté aux conditions de la station. Si l’installation artificielle de régénération est requise, les provenances locales d’essences indigènes sont à privilégier. Si c’est impossible, il convient d’évaluer les incidences négatives potentielles pour les éviter ou les réduire au maximum. La plantation peut toutefois être un outil de diversification à travers l’introduction de nouvelles essences qui doivent être choisies avec discernement et en adéquation avec les conditions du milieu.

L’observation de la régénération sur une surface de 40 ares autour de chaque point de sondage permet à l’inventaire d’estimer la surface forestière productive régénérée naturellement. Les résultats présentés ci-après (tableau 11.1., figure 11.1. et figure 11.2.) prennent en compte les brins d'au moins 30 cm de hauteur (semis) ainsi que les fourrés, gaulis, bas perchis et hauts perchis (jusqu'à une circonférence à hauteur d'homme de 69 cm).

Par convention, la régénération est considérée comme acquise si son développement, sa densité et sa répartition spatiale (évaluation visuelle sur le terrain) sont de nature à assurer l'avenir du peuplement en l’absence d’aléas divers. La surface couverte par la régénération dans chaque U.E. est déduite du pourcentage de recouvrement déterminé visuellement sur le terrain.

Régénération naturelle dans un peuplement résineux irrégulier.
PHOTO : HUGUES CLAESSENS

Si on s’intéresse à la régénération naturelle acquise au sein des peuplements forestiers adultes1, on constate que plus de 46.000 ha en contiennent, c'est-à-dire 13 % de la surface totale de ces peuplements.

Cette surface forestière où l’avenir des peuplements serait assuré se répartit de manière inégale entre les principaux types de peuplement. Globalement, 84 % de la surface considérée comme régénérée se trouvent en peuplement feuillus (figure 11.1.). Dans les peuplements résineux, la régénération naturelle est rarement installée : en résineux, la régénération est considérée comme acquise dans 5 % des peuplements tandis qu’en feuillus, cette proportion atteint 17 % (tableau 11.1.). En forêt privée, la surface résineuse avec régénération acquise est tellement réduite qu’elle n’est pas significative (moins de 1.000 ha). C’est en hêtraie que la régénération est la plus souvent acquise. Un tiers des peuplements sont concernés. Toutefois, ces peuplements régénérés sont presqu’exclusivement situés en forêt publique (96 %).

Sachant que pendant une grande part de sa vie, il n’est pas nécessaire qu’un peuplement se régénère (zones sombres de la futaie irrégulière ou phase de grossissement des futaies), ces valeurs de régénération naturelle montre une bonne dynamique globale de régénération de la forêt wallonne, assurant naturellement la pérennité de la forêt. En analysant plus finement selon les types de peuplement (tableau 11.1.), il apparaît toutefois que les hêtraies se régénèrent mieux que les autres peuplements feuillus, tandis que les chênaies, bien que se régénérant, n’assurent pas le maintien de l’essence notamment en raison de l’envahissement par d’autres espèces, comme le hêtre.

En prenant en compte l’ensemble de la régénération, qu’elle soit installée sous le couvert d’un peuplement adulte ou non, et en rapportant l’ensemble de la surface régénérée à la période sur laquelle les relevés ont été réalisés, on peut déterminer une étendue moyenne annuelle rajeunie qui cumule les plantations réalisées (moyenne des dix dernières années) et la régénération naturelle.

L'étendue régénérée annuellement par voie naturelle est estimée en divisant les surfaces de peuplements avec présence de régénération considérée comme acquise par le nombre d'années jugé nécessaire pour l'obtenir (de l’ordre de quinze ans pour le hêtre et de douze pour les autres essences feuillues).

Il apparaît à l’analyse des résultats obtenus que la régénération acquise est majoritairement d’origine artificielle (figure 11.2.). La régénération naturelle est quasi inexistante dans les peuplements résineux et, même pour les principaux peuplements feuillus que sont la chênaie et la hêtraie, elle est assez limitée. Avec plus de 2.700 ha par an, la pessière présente l’étendue annuelle de régénération la plus importante. La chênaie apparaît quant à elle comme le peuplement le plus pauvre en termes de régénération avec une étendue régénérée moyenne de 800 ha par an, soit près de 33 % en moins que la hêtraie.